Le président de la République face aux français

Une émission interminable, ennuyeuse, suscitant des commentaires au lance-flamme dans la presse et des salves d’injures dans les blogs. Manœuvre politicienne de bas étage, autopromotion ridicule, télé rachat d’un chef d’Etat qui coule dans les sondages, catalogue mou de promesses non tenues...

Format d’émission détestable, absence de contradicteurs, animateur médiocre, émiettement de thèmes, ni idée générale, ni l’ombre d’un projet ...Panel de Français gentils, bien élevés, normaux pas intéressants...

Si je n’avais pas pris la peine de regarder la télé ce soir-là j’aurais eu tendance à gober tout ça.  D’autant que je suis loin d’être un fan de Sarkozy.  Oui mais voilà j’ai suivi l’émission du début à la fin. Je me suis ennuyé au point d’en profiter, un œil sur l’écran, pour répondre à mes mails. Et cette écoute flottante m’a communiqué une impression générale aux antipodes de tous les commentaires lus, ou entendus par la suite. J’ai le sentiment d’avoir assisté à un exercice de démocratie. Le rapprochement du président et des gens ordinaires a fait ressortir les pensées flottantes qui émergent dans l’ensemble de la société. Effectivement questions et réponses ont vaticinés. On pouvait avoir le tournis et s’offusquer de réponses toutes faites du président. Irritant, paroles, paroles.... Mais avec un peu de sérénité on pouvait aussi y percevoir sous l’écume des mots un courant profond qui traverse la société

A deux ou trois reprises le chef de l’Etat a dit qu’il fallait passer du quantitatif au qualitatif. Cette banalité recouvre une réalité « révolutionnaire ». Le dictat du quantitatif  c’est la demande lancinante de plus de moyens.  L’émergence du qualitatif  c’est de mieux utiliser les moyens humains dont on dispose. Pipeau ?  Pas vraiment. Mesures concrètes. Développer la formation en alternance des apprentis (33%  en France, 66% en Allemagne !)  Ne pas miser sur la concurrence frontale des chantiers navals français avec les asiatiques  mais innover dans le haut de gamme à compétence humaine ajoutée et se positionner sur les marché émergents comme les éoliennes off-shore... Infléchir le cursus des études médicales, mixer la formation en hôpital qui prédispose aux spécialisations avec une formation dans les cabinets de ville qui donnent le goût et la compétence pour la médecine généraliste. Rompre avec les habitudes universitaires qui conduisent  les enseignants chercheurs  à être exclusivement promus par leurs pairs sur leurs performances de chercheurs et pas sur leurs compétences d’enseignants, prévoir pour les maitres  d’école, et les professeurs de collège un sas de terrain entre leur sortie de la fac et leur prise de fonction... Ne pas se contenter de débloquer des budgets pour financer le traitement de la dépendance mais améliorer l’insertion dans la vie quotidienne des personnes très âgées et de leurs aidants ...

Cela parait des points de détails. Et si c’était l’amorce d’une mutation vers une économie de la valeur humaine ajoutée par recyclage d’une ressource humaine non utilisée. Plan sur la comète ou utopie réaliste ?  Paroles verbales, promesses de gascon ?  Faut voir. Quoiqu’en pense une pensée hâtive ces idées sont dans  l’air. Elles sont des germes de pré-consensus auxquels l’action politique devrait savoir donner corps.  Elles échappent pour le moment aux professionnels  des médias  submergés par la nécessité de rendre  compte d’une actualité  qui se presse de toute part.  Et qu’une conception parfois un peu limitée de leur rôle se réduit à des résumés péremptoires. Qu’est-ce qu’il faut en retenir ? Qu’est-ce qu’il faut en penser ? C’est ainsi  qu’avant de se centrer légitimement sur  les évènements en Egypte,  la presse n’a extrait de cette prestation que deux ou trois traits : annonce de la création pour la dépendance d’une cinquième branche de la sécurité sociale, intention d’exonération de la taxation des plus values sur la résidence principale, déblocage de cinq-cents millions d’euros pour l’emploi des jeunes et des chômeurs de longue durée. Point-barre. Le fait de s’échauffer sur la naissance de processus démocratiques dans le monde arabe ne devrait pas exempter de se soucier des tâtonnements de l’évolution démocratique en France et dans les pays occidentaux.

Dans les commentaires de droite et de gauche un thème semble échapper aux critiques. Et il est loin d’être subalterne puisqu’il concerne l’immigration. Si on a la mémoire longue on réalise que le président  de droite reprend le même propos qu’un ancien premier ministre de gauche. Il y a belle lurette Michel Rocard déclarait que la France ne pouvait pas accueillir tout le malheur du monde. Autre forme de pré-consensus. Quand  les constats  d’un dirigeant socialiste, d’un dirigeant libéral, d’un chef d’Etat français et de chefs de gouvernement allemand et britannique se rapprochent, les divergences de solutions ont des chances de ne pas se transformer en antagonismes.

Voilà quelques unes des choses  qu’on pourrait retenir d’une émission regardée par plus de huit millions de Français.

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Commentaires

"... Le peuple doit toujours se méfier dès que Sarkozy ouvre la bouche. Il doit se méfier doublement quand, de surcroît, il s’essaie à l’humour gras.

Sarkozy et les siens, en bons relais des assureurs privés, veulent fouler aux pieds le système de couverture sociale crée en 1945 pour, à (NDLR/à court-terme ?) terme, offrir toute la sécurité sociale aux banques et aux assurances privées. Rappelons que, par ordonnance, fut instituée « une organisation de la Sécurité Sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ». L’offrande faite au privé avait été tentée avant Sarkozy, en 1994, par une cinquantaine de députés, sous l’égide de de Villiers et Madelin, qui avaient déposé un projet de loi à l’Assemblée Nationale sur la création d’une sécurité sociale privée ...".
Lire la suite ... http://www.lepost.fr/article/2011/02/15/2406730_la-dependance-selon-sark...

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