Le Canada prêt à prendre un autre chemin ?

Les élections législatives qui viennent de se dérouler au Canada ont consacré la nette (et presque inattendue) victoire du libéral Justin Trudeau. Certes, la presse l’a évoquée, mais le grand public ne s’y est pas vraiment intéressé. Le Canada, c’est loin, et plus « vendeur » lorsqu’un bateau y fait naufrage. Pourtant cette victoire est intéressante à plus d’un titre.

En effet, voici un grand pays développé (n’oublions pas que l’économie canadienne est la 10ème du monde), qui s’écarte de la doxa monétariste (dite « libérale ») en vogue en Europe depuis la crise financière de 2008. Le programme de Justin Trudeau, nouveau Premier Ministre, prévoit en effet des mesures de relance des investissements et accepte de laisser filer temporairement les déficits. Au passage, remarquons que dix ans de politique budgétaire « rigoureuse » des conservateurs ont fait grimper la dette du pays de 67% du PIB à près de 90% ! Ça interroge… En Europe, pendant ce temps, domine toujours la politique de réduction des dépenses publiques, tous ensemble, accentuant la crise plutôt que de la maîtriser et, par voie de conséquence, augmentant la dette plutôt que de la réduire. Certes, le Canada n’est pas la France. Mais n’y aurait-il pas matière à revisiter nos politiques, au moins en matière de relance des investissements ? A remettre Keynes à l’honneur ? La 2ème remarque concerne le regain d’intérêt des canadiens pour cette élection : le taux de participation est passé de 62 à 67% des inscrits (soit environ 10 points de plus que lors des dernières élections législatives en France). Ce sursaut démocratique est-il dû au charisme de ce jeune dirigeant (car c’est son parti qui en a bénéficié), à l’alternative qu’il représente à une politique trop « orthodoxe », à son plan pour renforcer la classe moyenne ? Certes, on peut arguer que promettre la relance, les baisses d’impôts, ne peut que séduire les électeurs. L’avenir nous dira si, au Canada aussi, les promesses des candidats n’engagent que ceux qui les croient… Face à la crise sans précédent de l’économie, mais plus encore de la parole publique en France, n’avons-nous pas de leçons à tirer des élections canadiennes ?

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