L'Armée loue et n’achète plus...

helicoptere.jpgDans le secteur défense comme ailleurs, les moyens financiers publics manquent à la France : faute d’avoir de quoi acheter, elle loue des biens et consomme des services. Ainsi le Ministère de la Défense vient, entre autres, de lancer un appel d’offres pour de nouveaux hélicoptères de formation à mettre à disposition de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT), sur sa base de Dax.

Point intéressant : la partie équipements – chère à la vision française de l’«ingénieur » (qui il est vrai a inventé et produit des merveilles technologiques, notamment aéronautiques et spatiales…) – y est très minoritaire, et la valeur des contrats de services – maintenance, réparation…sur 20 ans ! – largement majoritaire (d’autant que l’Etat n’exclut pas de choisir des hélicoptères d’occasion remis à niveau, pour minimiser encore le coût d’équipement !).

Cette approche dite de Contrat de Partenariat Public-Privé et rendue possible par une Ordonnance de juin 2004, est inspirée des expériences britanniques de « Private Finance Initiative » (PFI) et « Public-Private Partnerships » (PPP) menées depuis 15 ans, toutes couleurs politiques confondues, successivement par les Cabinets Thatcher, Major et Blair, dans la défense comme en bien d’autres secteurs (hôpitaux, infrastructures, prisons…).

Une vision pessimiste et réductrice de ces opérations est d’y voir exclusivement un pis-aller dicté par les contraintes budgétaires : louer lorsqu’on n’a plus les moyens d’acheter.
Mais l’expérience britannique, qui répond à une autre démarche – les Anglais n’ayant pas connu les déficits publics français, et n’étant pas astreints aux contraintes du Pacte de Stabilité de la zone Euro – montre qu’il y a d’autres enjeux, plus optimistes et volontaristes, résumés sous le slogan de « Value for Money » : en faisant davantage appel au privé pour les programmes publics, l’Etat ne se borne pas à trouver de nouvelles ressources financières, mais trace une voie d’externalisations sur des missions et activités non spécifiquement régaliennes où les entreprises peuvent apporter une spécialisation efficiente – et dont la mise en concurrence systématique par voie d’appels d’offres assure en outre l’obtention au moindre coût.

D’où l’idée de « Value for Money » : à l’heure de la globalisation et de la compétition entre Etats pour l’attractivité, du Royaume Uni à la France, en passant par de grands pays émergents qui adoptent aussi les PPP (Brésil…), le contribuable d’aujourd’hui en veut pour
son argent !

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