La grâce et les tests

081113-Obama.jpgChacun sait maintenant qu’Obama est à la fois un homme symbole et un homme rusé. Que nous réserve cette combinaison pour l’après 20 janvier ?

L’homme symbole incarne le rêve américain à l’heure de la mondialité. Les "Pères Fondateurs" ont fait des Etats-Unis le rêve d’Européens épris de liberté. Deux siècles plus tard, Obama se pose en "Fils Fondateur" : il s’adresse à tous les Terriens et, à l’intérieur des Etats-Unis, donne fierté aux descendants d’esclaves. 

L’homme rusé incarne le savoir faire des initiateurs du "bottom up". Pendant la campagne, des centaines de milliers de volontaires n’ont pas seulement été mobilisés, ils ont été impliqués. L’action, tant sur le web que sur le terrain, a été créative. 

Dans l’exercice du pouvoir, rêve et savoir faire vont être mis à l’épreuve 

Ø       Aux Etats-Unis, le parti Républicain risque de se crisper. Ses militants n’ont pas tous l’élégance de Mc Cain qui, le soir de sa défaite, a tenté, avec panache et sincérité, d’adoucir les rancœurs. Le "Great Old Party", qui a été battu au centre, peut glisser vers l’extrême droite. D’aucuns s’efforceront de transformer Sarah Palin en une sorte de Le Pen américain. La crise économique rendra la tâche d’Obama particulièrement difficile. L’initiateur du "bottom up" devra agir en thérapeute. 

Ø       Dans le monde, Obama, fils de partout et patriote transnational, soulève un immense espoir. Son prédécesseur, encore en fonction, fait figure de Père Fouettard qui avive les conflits. Lui, par contraste, peut devenir le Père Dialogue qui facilite les négociations. Encore faudra-t-il que son doux leadership ne soit pas vu comme un signe de faiblesse. Le futur Vice Président, Joe Biden, ne s’y est pas trompé. "Il y aura des tests" a-t-il prévenu. 

Ø       L’Europe qui partage avec l’Amérique des valeurs universelles sera mise à contribution. Plus elle sera "écoutée", moins elle aura à se plaindre d’unilatéralisme, plus il lui sera difficile de s’opposer.Le "partnership" se paiera en termes de "répartition des charges" financières et militaires. Si l’Union Européenne manque de souffle politique, si elle n’a ni vision spirituelle ni objectifs concrets, elle ne sera rien d’autre que le – plus ou moins – brillant second d’une Amérique rajeunie par un président visionnaire. 

C’est maintenant que se joue l’avenir. Obama n’a pas encore fixé tous ses caps et choisi toutes ses routes. Son équipe est encore en formation et va être en rodage. 

L’Europe a quelques mois pour se faire vraiment entendre ... si elle sait ce qu’elle veut. 

Share

Commentaires

Le parti Républicain, aux US, peut-il devenir un FN? Je ne le pense pas. Nous avons connu dans le passé des risques de ce genre :
souvenons-nous de Mc Carthy ; Ils n'ont pas connu de suite. J'aimerais l'avis, sur ce point, d'experts des Etats-Unis...

Merci beaucoup, cher Raymond Levy, de vos remarques. Je suis tout à fait de votre avis en ce qui concerne le parti républicain : je ne crois pas qu'il se "lepenisera". Je crois seulement que certains essayeront de transformer Sarah Palin en icône d'extrême droite.

Ajouter un commentaire