L’auto-régulation : un impératif pour la société

Une société qui ne sait plus s'auto-réguler est sujette ? catastrophes. Dans la note de synthèse de la recherche de terrain de L'Ami Public sur la "société rêvée" (juillet 2005), disponible dans la rubrique « A retenir », il était écrit dans le constat 6 : "Il y a si peu de feed-backs entre la société des gens et celle de la politique professionnelle qu'elles ne se régulent pas mutuellement... Le décalage béant entre les gens et la scène politique officielle et médiatique induit une situation préchaotique, c'est-? -dire une situation désordonnée et instable qui peut prendre soudainement et catastrophiquement des formes inattendues."

Les émeutes de banlieue viennent de nous en apporter un bel exemple. Elles ont pris une forme assez nouvelle et typique de la société moderne en réseaux. Ce n'est pas une organisation centrale ou un leader qui déclenche ou orchestre une révolte. Il s'agit d'une forme beaucoup plus moderne, une auto-organisation spontanée qui, comme en Irak, se développe en résille. La réaction en chaîne est bien visible. Les téléphones mobiles facilitent la communication entre les participants et les télévisons organisent (sans le vouloir) l'émulation entre les bandes de jeunes territorialisées. Les processus pathologiques de rejet qui, ? moins qu'on les contrecarre, se développent spontanément dans une société en réseaux peuvent dépasser des seuils au del? desquels des explosions deviennent possibles.

En bons vigilants ne devrions-nous pas réfléchir aux autres processus de rejet, aux autres accumulations de frustrations qui pourraient déboucher sur d'autres explosions qui pourraient prendre d'autres dimensions ?

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Commentaires

Je partage assez cet avis qui veut que l'auto-régulation a atteint ses limites.
Je participais ? un colloque intéressant qui rassemblait des entrepreneurs européens et sur ce sujet précisemment, l'idée de co-régulation a été développée permettant aux autorités publiques et civiles de s'associer sur le plan structurel (et donc financier) pour appliquer une meilleure régulation des citoyens. Ils ont aussi ? ce moment repris un concept déj? connu d'entreprise républicaine qui pourraient participer ? cette co-régulation.
Idée peut être ? développer. Je vais dans mes propres réseaux étudier cette idée, si vous même y travaillez nous pourrions en fin d'année 2006 faire une corrélation
Cordialement.

Je reviens volontiers sur ce billet et ce commentaire anciens que ne n'avais pas bien lus à l'époque de leur parution et qui n'en sont pas moins toujours intéressants et opportuns...

L'auto-régulation est, bien évidemment, une régulation. Toute régulation nécessite 2 éléments constitutifs au minimum : la référence (ou une consigne ou un standard...) et un processus de correction implicite ou explicite qui assure une relation formelle simple ou complexe entre une "conséquence" (ou un effet, un résultat) et une "cause" (un déclencheur). Il s'agit d'un autre processus que celui qui est sous-jacent à celui qui conduit de la cause au résultat, bien sûr.

La théorie de la cybernétique a beaucoup étudié ce sujet, bien sûr et on serait assez bien venu d'y puiser des idées ...

Dire qu'il existe une régulation en soi, signifierait donc que le système concerné (ici, la société des gens) possèderait en son sein ces 2 éléments : la référence et le processus de correction .

Habituellement, dans la société humaine, la référence est donnée par les "dominants du moment", ceux que l'on craint ou ceux que l'on admire.

Le processus de régulation est moins courant car pour réguler (régler l'évolution) il faut qu'à la relation "cause conduit à résultat" soit opposé une relation "contraire" qui en s'appuyant sur le résultat observé modifie la cause en question "en sens inverse". En automatisme, cela s'appelle la "boucle de régulation".

Si le sens du processus de régulation s'inverse, alors il y a synergie entre le processus direct "cause vers conséquence" et le processus de régulation "conséquence vers cause" et l'ensemble devient donc un amplificateur qui conduit généralement le système à la "divergence" ( explosion, destruction ).

Ceci posé, on constate que s'il y a auto-régulation, la référence se trouve au sein du système à réguler et non pas à l'extérieur.

Comme le dirait Monsieur de La Palice "encore faut il que la référence existe et en soit une..." . Si la classe dirigeante d'une société n'est pas représentée ou présente au sein du système, c'est le système lui-même qui produit sa propre référence (qui peut être caïd, voleur, trafiquant de drogue, par exemple) et celle-ci n'est pas souvent celle que souhaiterait cette classe dirigeante.

Ensuite, le processus de régulation spontanée chez les gens semble utiliser le mécanisme de l'allélomimétisme, celui qui est à l'oeuvre, par exemple, dans l'organisation collective des bancs de poissons ou des vols d'étourneaux ! Or, ce mécanisme n'est pas du tout correctif. Il y a donc de grandes chances que l'on observe plus souvent une explosion qu'une régulation.

Ce n'est pas étonnant, alors, si face à ce mécanisme spontané, les groupes humains "socialisés" aient défini des références qui soient souvent à l'opposé de celles que les gens prennent spontanément (un héros, un saint, un prophète, un dieu, celui qui souffre , celui qui travaille, etc... ).

Autrement dit, la référence proposée est à l'opposé de l'instinct naturel ...

Face à l'allélomimétisme spontané, nos sociétés ne manquent elles pas de références "idéales" et non "naturelles" ?

Mais il y a une autre angle de vue.

Si le fonctionnement habituel du groupe humain est perturbé par des phénomènes externes ou internes (rejet, jalousie, trop grande peine relative, manque relatif de moyens, etc), ceux-ci vont modifier le "résultat attendu" par les gens même si la référence est "bonne" (ex. je me donne une bonne référence mais je n'arrive pas à un résultat réel satisfaisant). Cela est un phénomène "parasite" qui va agir comme une "contre référence" qui peut, dans certains cas, annuler la référence initiale, de la consigne souhaitée et en inverser le sens.

Le résultat observé finit par ressembler au phénomène non souhaité et la boucle d'allélomimétisme joue à contre emploi en l'amplifiant...
Mais il y a une issue possible. Celle que nos société évoluées ont découvert même si cela n'est pas magique.

C'est l'éducation…

En "formant" les gens à ne pas suivre des processus mentaux "spontanés", comme l'est l'allélomimétisme, mais des processus "conscients" ayant la propriété d'être correctifs, on permet au groupe d'obtenir un comportement collectif lui permettant de sortir de la condition instinctive mais apparemment auto régulée des bancs de poissons ou des vols d'étourneaux !

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