Iran - Faut-il craindre la levée des sanctions ?

Lors de sa récente intervention devant le club des Vigilants (voir « L’iran adversaire ou partenaire, les réponses de François Nicoullaud ») l’ancien ambassadeur de France à Téhéran a répondu à plusieurs questions sur les conséquences de la levée des sanctions et les craintes suscitées par l’afflux de capitaux rendus à l’Iran selon les termes de l’accord.

Les estimations sont imprécises, 30 à 100 milliards de dollars pourraient être débloqués et remis, graduellement, à disposition des différents acteurs (banque centrale, banques commerciales entreprises, particuliers) après l’entrée en vigueur de l’accord au premier semestre 2016. Financement de ses mandataires régionaux (Hezbollah, Hamas), sponsoring d’activités terroristes à l’étranger, activisme contre les intérêts régionaux américains, israéliens et sunnites sont les principaux soupçons qui pèsent sur l’Iran. Au cours de son exposé F. Nicoullaud a insisté sur le fait qu’il y a une vie démocratique en Iran, c’est-à-dire une compétition entre différents groupes sociaux ou d’intérêts pour le contrôle des institutions et la représentation électorale. Le Président Hassan Rohani (photo) représente le clan réformateur. Il a été élu en 2013 sur la promesse d’ouvrir l’Iran et du retour de la prospérité, promesse pour laquelle l’accord nucléaire était une condition sine qua non. Son élection a suscité beaucoup d’attentes dans une population en grand majorité favorable à l’ouverture. Il est confronté aux forces conservatrices du régime, notamment les Pasdarans, citadelle armée au cœur du pouvoir théocratique, présents dans les affaires militaires et économiques. Les deux camps s’affronteront une nouvelle fois lors des doubles élections (législatives et assemblée des experts) en février 2016. Selon F. Nicoullaud les fonds débloqués serviront en priorité à la population d’autant que les bas prix du pétrole –tendance que la hausse de l’offre iranienne risque d’aggraver– limitent les marges de manœuvre des réformateurs. Les groupes hostiles à l’accord et à l’ouverture de l’Iran auront une part du gâteau, notamment les Pasdarans, mais sans que cela modifie l’équilibre des forces, à l’intérieur comme à l’extérieur estime F. Nicoullaud.    

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