Irak : quelle démocratie ?

Des élections, dans un pays où le respect des minorités n’est pas ancré dans les mœurs, peuvent faire plus de mal que de bien. Tel ne semble pas être le cas pour les récentes élections législatives irakiennes.

Un certain nombre de signaux permettent d’être raisonnablement optimiste.

Ainsi, en dépit de la lassitude de la population face au manque de services publics et aux difficultés de la vie quotidienne (38 morts le jour du scrutin), 62% des irakiens se sont déplacés pour aller voter.

Les sunnites se sont mobilisés et sont de retour dans le jeu politique, ce qui marginalisera leur frange radicale.

L’alliance religieuse chiite (Alliance Nationale Irakienne - ANI), constituée du Conseil suprême islamique irakien d’Ammar Al Hakim et du mouvement de Moqtada Sadr, n’est arrivée qu’en troisième position derrière l’Alliance pour l’Etat de Droit du Premier ministre Nouri Al Maliki et le Bloc irakien, dirigé par l’ancien Premier ministre Iyad Allaoui. Ces deux formations prônent un rassemblement qui transcende les clivages confessionnels et ethniques.

Le score serré laisse augurer de nombreuses tractations. L’Alliance pour l’Etat de Droit et le Bloc Irakien devront trouver des alliances avec les autres formations politiques. Le marchandage risque d’être rude avec les Kurdes de l’Alliance Kurde Irakienne, qui regroupe principalement l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani et le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, et les chiites de l’ANI. Actuellement, la désignation de Iyad Allaoui comme Premier ministre est un premier pas même si elle est, d'ores et déjà, contesté par l'ancien Premier ministre Nouri Al Maliki.

Derrière les coulisses parlementaires, les clans, les tribus et les familles ne resteront pas inactifs. Il ne faut pas se leurrer. Au-delà de l’exercice d’une fonction politique au service de l’ensemble du peuple irakien, les ministères sont (souvent) considérés comme une source potentielle de revenus et de distribution des prébendes au bénéfice des partis qui les détiennent. La nouvelle mandature qui s’ouvre ne devrait pas faire exception.

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