Groggy, mais … vigilant

On est groggy, comme assommé par trop d’émotions. Après tant de violence vécue en direct, voilà que ce 11 janvier a vu se lever des millions de personnes en France, dans le monde pour cette « marche républicaine ».

Bien sûr, on peut s’interroger sur, voire s’offusquer de la présence, aux côtés du chef de l’Etat, de certains dirigeants dont les pays figurent dans les profondeurs du classement de Reporters sans frontières. La liberté d’expression, brandie par nous comme un étendard, n’est certes pas leur tasse de thé… Mais passons. C’est « l’après » sur lequel nous devons maintenant exercer notre vigilance. Que vont faire le chef de l’Etat et, plus généralement la classe politique, de cette nouvelle donne ? Les va-t-en-guerre ont déjà laissé percer leur vision de cet après : un « Patriot Act » à la française, une « guerre » aux ennemis de notre civilisation, etc. Derrière ces martiales paroles, que pouvons-nous craindre (ou, pour certains, peut-être, espérer) ? Des nouvelles lois, potentiellement liberticides, de nouveaux engagements militaires, potentiellement coûteux et infructueux ? Oui, probablement faut-il manier le bâton. C’est ce que nous savons faire de mieux. Mais ce n’est pas ce que nous entendions dans les cortèges. Ce n’est pas ce que Charlie aurait souhaité. Alors, pour une fois, manions également la carotte. Prenons à bras le corps les problèmes de notre société française. Car ces fous (qu’enfin on cesse d’associer à Dieu) sont parmi nous. Ils sont le fruit vénéneux de nos échecs en matière d’intégration, de politique urbaine, d’éducation républicaine notamment. Les « ennemis de l’intérieur » sont (presque) toujours, l’Histoire nous l’a régulièrement montré, le cache-sexe de notre incapacité à réformer et à ouvrir notre société.

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