Grèce : sortir de l’indignation, renouer avec la fierté

La Grèce est pauvre. Les armateurs sont riches. Ils n’ont pas envie d’acheter des Bons du Trésor dont le seul but est de « rouler la dette ». Peut-être certains d’entre eux souscriraient-ils à un « grand emprunt » s’il était avéré que les fonds recueillis serviraient (en accord avec l’Union Européenne) à des investissements utiles.

Pour tâter le terrain, le gouvernement, au lieu de se satisfaire d’une mini chasse aux fraudeurs, pourrait lancer des « Olympiades de la générosité » qui, par capillarité, revigoreraient le sentiment national. Ce serait d’autant plus utile que celui-ci manque singulièrement de racines historiques.

La Grèce Antique s’est dissoute dans l’Empire Byzantin, lequel est mort en 1453 lorsque Constantinople est devenue Istanbul. Haine des Turcs et Eglise Orthodoxe ont, dès lors, servi de ciment à un nationalisme hors sol. Ce n’est que quatre siècles plus tard, en 1839, qu’un petit territoire arraché à l’Empire Ottoman, est devenu l’Etat grec avec la bénédiction de la Russie, de l’Angleterre et de la France. Dans l’imaginaire national, ces trois pays font figure de gentils.

On ne peut pas en dire autant de l’Italie et de l’Allemagne qui, en 1941, ont envahi la Grèce. L’occupation, principalement allemande, a été sauvage. Il y a eu des famines. La résistance a été valeureuse mais divisée. Une guerre civile s’en est suivie entre communistes et pro-Occidentaux. Ces derniers l’ont emporté en 1949 mais la démocratie était fragile et, pendant près d’une dizaine d’années, à partir de 1967,  la Grèce a vécu sous le régime des colonels. Une fois la démocratie revenue, elle a pu, sous le patronage de la France, adhérer à la Communauté Européenne. C’était en 1979.

Le moins que l’on puisse dire est que le terrain n’était pas propice au bon usage des aides communautaires. Gabegie et clientélisme ont marqué l’époque. Le laxisme s’est encore accru lorsque l’euro a permis de s’endetter à bon compte. Les marchands d’armes ont fait crédit. Les banquiers ont fait des bénéfices. Les responsables politiques se sont, plus que jamais, montrés irresponsables.

La Grèce, chacun le sait, est maintenant insolvable et il ne suffira pas d’effacer tout ou partie de la dette pour résoudre la crise. Après l’indignation doit venir l’espérance. Même les « Grecs de Londres » et autres fortunés peuvent le comprendre ... Et le vouloir.

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Commentaires

Un salut et un sourire de Guy Sitbon à Marc Ullmann. Que d'étés, que d'hivers ! dit-on en russe.

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