Europe : la société de la connaissance s’éloigne

070209-Recherche.jpgFaire de l’Union l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici 2010. C’était une des ambitions proclamées à Lisbonne en 2000. En 2002, des objectifs précis étaient fixés dont l’augmentation des dépenses en R&D à 3% du PIB communautaire et la formation de 700 000 chercheurs supplémentaires. Aujourd’hui, de l’avis même de la Commission européenne, on en est encore loin.

Au rythme actuel, l’Europe ratera, à coup sûr, l’objectif des 3 % et atteindrait, au mieux, 2,2 %. Soit la même part que la Chine qui n’en était qu’à 1,3 % en 2003 ! Et toujours bien loin des Etats-Unis.
L’avenir en termes d’effectifs dans la recherche semble aussi sombre. 40 % à 55 % des universitaires ont, comme en France, en Autriche ou en Suède, plus de 55 ans. Il faut les remplacer. Aujourd’hui, deux phénomènes se conjuguent pour saper la compétitivité et l’attractivité de la maison Europe : le manque d’appétence des jeunes pour les filières scientifiques et l’incapacité de cette même Europe à offrir des carrières attractives aux jeunes chercheurs qui alimente la fuite des cerveaux.

D’ores et déjà, l'attractivité de l’Europe pour les activités de recherche fléchit. Entre 1997 et 2005, les dépenses de R&D effectuées par les entreprises de l’UE aux Etats-Unis ont augmenté beaucoup plus rapidement que celles effectuées par les entreprises américaines en Europe (54 % contre 38 %). La concurrence de la Chine et de l’Inde pour l’établissement de centres de recherche risque d’amplifier le mouvement. Et la société de la connaissance de s’éloigner encore... à moins d'un sursaut salutaire.

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Commentaires

Pour être un chercheur, il faut avoir un QI de plus de 130, soit celui d'un X ou d'un ... ENArque moyen.

Notre système engendre de la frustration chez ces personnes très intelligentes.

Si les directions (privées) osaient investir dans les moyens de recherche, et payer les chercheurs avec un vrai salaire de cadre-sup, je suis prêt à parier qu'ils ne fuiraient plus les labos pour aller faire une autre activité mieux considérée et mieux payée ailleurs (comparez les salaires d'un commercial et d'un chercheur à nombre d'années d'études donné) !

@ Gerstenmayer : Aujourd'hui, pour faire de la recherche en France, il faut avoir la foi chevillée au corps. Pour la très grande majorité des chercheurs, comme vous le soulignez, la frustration est énorme. Manque de reconnaissance, salaires étiques et conditions de travail médiocres sont leur lot commun.

Or, la qualité de la recherche d'un pays conditionne le niveau de son enseignement supérieur, la production de connaissances et sa diffusion... C'est la compétitivité même du pays qui, à terme, est en jeu.

Recherche fondamentale et recherché appliquée ne devraient pas s'opposer mais se compléter. L'une ne peut aller sans l'autre. Pourtant notre sport national est de crier haro sur la première, la seule à vrai dire qui tire son épingle du jeu, et d'encenser la seconde pour la capacité d'innovation dont elle serait porteuse. Les raisons de la panne d'innovation actuelle ? Elles sont à chercher, en partie, dans le fonctionnement des entreprises qui souffrent d'un défaut d'innovation. Selon Eurostat, seules un tiers des entreprises françaises s'y livrent, contre 43 % en Grande Bretagne et 51 % en Allemagne. Ce déficit en innovation pourrait s'expliquer, et la France constitue à cet égard un cas à part, dans le manque d'appétence des entreprises pour les scientifiques.

Non seulement la part de R&D des entreprises françaises est faible par rapport à des pays comparables, mais les scientifiques sont quasi totalement absents des organigrammes des entreprises. Marketteurs, commerciaux et ingénieurs y règnent en maîtres.
Ce qui n'est pas le cas par exemple des entreprises allemandes où il n'est pas rare de trouver au niveau des directions générales des scientifiques...

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