On entend dire que…

« On entend dire que … » est le nom d’une nouvelle collection de petits livres d’économie liés à l’actualité. J’en ai eu l’idée. Jean-Hervé Lorenzi, président du cercle des économistes, a bien voulu m’aider de ses conseils, les Echos et Eyrolles ont pris le risque de l’éditer et …

les quatre premiers titres - évidemment conçus pour cette période de campagne électorale -  sont en librairie depuis jeudi 5 avril :

On entend dire que le pouvoir d’achat des Français baisse ?

André Babeau nous montre à quel point le discours politique sur le sujet est peu rigoureux. Même l’INSEE entretient la confusion entre l’évolution du pouvoir d’achat macroéconomique global des consommateurs français et le pouvoir d’achat par ménage ou par unité de consommation, ressenti par le citoyen électeur. L’écart entre ce que disent les chiffres et ce que ressentent les Français ne fait d’ailleurs que grandir.

André Babeau met en perspective des séries longues de chiffres. L’écart est évidemment saisissant entre les progressions des trente glorieuses dont beaucoup de Français ont le souvenir ou la nostalgie et la stagnation d’aujourd’hui. Les séries longues font surtout apparaître le poids considérable qu’a pris le logement dans les « dépenses contraintes » des ménages mais aussi la part croissante de la dépense publique dans le niveau de vie global des Français et surtout des plus modestes. Ce livre éclaire l’impuissance actuelle des politiques à promettre quoi que ce soit de réaliste en matière de pouvoir d’achat. D’où les déclarations peu convaincantes sur le blocage des loyers ou du prix de l’essence…

« On entend dire que le pouvoir d’achat baisse. Qu’en pensent les économistes ? » par André Babeau

Lire : Les bonnes feuilles

On entend dire que les immigrés coûtent cher à la France

Spécialistes universitaires du sujet, Xavier Chojnicki et Lionel Ragot contestent, chiffres et recherches économiques en main, l’idée que les immigrés aggraveraient les déficits publics, prendraient le travail des autochtones et feraient baisser les salaires. Ce qui m’a intéressé encore plus peut-être, parce que je m’y attendais moins, c’est qu’il ne faut pas se raconter plus d’histoires roses sur ce que pourraient rapporter les immigrés que d’histoires sombres sur ce qu’ils coûtent. Il serait inutilement déstabilisant de fermer complètement les frontières. Mais il serait illusoire de compter sur une augmentation de l’immigration pour régler le problème des retraites. « Les véritables enjeux de l’immigration ne se situent pas dans le champ économique ». Les auteurs nous renvoient à des choix politiques ou éthiques.

« On entend dire que les immigrés coûtent cher à la France. Qu’en pensent les économistes ? » par Xavier Chojnicki et Lionel Ragot

Lire : Les bonnes feuilles

On entend dire qu’il faut une révolution fiscale

J’ai demandé à Alain Trannoy de traiter ce sujet parce que le directeur de « Aix-Marseille School of Economics » est un universitaire qui fréquente les praticiens de la fiscalité (il est membre du conseil des prélèvements obligatoires). Sans chercher à tout traiter il a choisi d’éclairer les grands débats dont tout le monde a entendu parler : niches fiscales, quotient familial, fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, TVA sociale. Il en montre les réalités et les faux semblants en s’appuyant sur des graphiques qui en disent long mais il fait aussi des propositions, assez robustes à mon avis, pour régler certains de ces problèmes. Sa conclusion générale : il faut à la fois la révolution fiscale que prônent les proches de François Hollande pour rendre notre système d’imposition plus juste et la « dévaluation fiscale » que veulent, sans l’appeler ainsi, les tenants de la TVA sociale, anti-délocalisation etc. Avec une précision intéressante sur ce dernier point : il faut surtout que les entreprises en profitent pour améliorer leurs marges et donc qu’on ne leur demande pas de contreparties.

« On entend dire qu’il faut une révolution fiscale. Qu’en pensent les économistes ? » par Alain Trannoy

Lire : Les bonnes feuilles

On entend dire qu’il faut maîtriser la finance

André Levy-Lang n’est pas enthousiasmé par les propositions de François Hollande et notamment il argumente pied à pied contre l’idée - chère à notre ami Jérôme Cazes - de séparer banques de dépôt et banques de marché. Mais l’ancien patron de Paribas ne nie pas pour autant le droit et même le devoir des politiques de s’intéresser à la maîtrise de la Finance. En pointillé, et parfois plus qu’en pointillé, son texte est très sévère pour les régulateurs, notamment américains, qui n’ont pas su prévenir la crise de 2008. Je recommande tout particulièrement ce petit livre pour sa limpidité. C’est le petit bouquin à conseiller à ceux qui disent ne rien comprendre au monde des banquiers et des marchés. En effet, avant d’expliquer les excès de la mauvaise finance, l’auteur commence par décrire les bienfaits de la bonne finance.

« On entend dire qu’il faut maîtriser la finance. Qu’en pensent les économistes ?» par André Levy-Lang

Lire : Les bonnes feuilles

Share

Ajouter un commentaire