De l’importance du Japon

090928-YukioHatoyama.jpgDans son premier numéro, daté de février 2002, Vigilances s’est donné pour règle de ne traiter l’actualité courante que dans la mesure où ses rédacteurs pourraient répondre à trois questions : pourquoi est-ce important ? En quoi cela nous concerne ? Qu’est-ce qu’on y peut ?

Cette exigence était dictée par le fait que beaucoup d’évènements sont assez visuels pour produire de belles images à la télévision sans être nécessairement porteurs d’avenir et, qu’inversement, il peut être tentant de traiter de façon anecdotique des signes annonciateurs. Sept ans plus tard, notre ambition demeure bien que nous ayons conscience de ne pas toujours être à la hauteur.  

Tentons l’exercice sur les récentes élections japonaises où le parti au pouvoir depuis plus de cinquante ans a été balayé : 

-       Pourquoi est-ce important ? Le Japon, même s’il est talonné par la Chine, reste la deuxième puissance économique du monde. Si les sommes consacrées à la relance sont affectées aux familles plutôt qu’aux entreprises, à la demande plutôt qu’à l’offre, cela aura forcément quelques conséquences sur les échanges mondiaux. Et n’oublions pas que s’il y a le moindre infléchissement des orientations diplomatiques de "l’empire du Soleil Levant", la multipolarité du monde en gestation se trouvera modifiée. 

-       En quoi ça nous concerne ? Il y a de quoi se réjouir lorsqu’un candidat étranger, pendant sa campagne électorale, se réfère explicitement à la devise française « liberté, égalité, fraternité ». Pour la politique économique, M. Yukio Hatoyama a insisté sur le mot « fraternité ». Pour la politique étrangère, il a plutôt utilisé les deux autres vocables tout en s’efforçant, bien sûr, de ne vexer ni l’allié américain ni le partenaire chinois. Sans doute y a-t-il là, pour l’Europe et pour la France, une voie à explorer. 

-       Qu’est-ce qu’on y peut ? Nous avons trop longtemps considéré les Japonais comme les membres vieillissants d’une étrange tribu aux mœurs spécifiques. Il serait temps de leur accorder le privilège de l’universalité et d’apprécier à leur juste valeur les capacités humaines, scientifiques et technologiques de leurs élites. Si M. Sarkozy était un des premiers chefs d’Etat à rendre visite à M. Hatoyama, ce serait une percée. De même si M. Hatoyama choisissait Paris pour effectuer l’un de ses premiers voyages.

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