De Bruxelles à Rangoun

071116-Rangoun.jpgLe Canada n’a pas éclaté. Le Québec n’a pas fait sécession. De référendum en référendum, anglophones et francophones finissent par se réconcilier. Sans doute en ira-t-il de même en Belgique bien que les francophones répugnent à apprendre le néerlandais.  

Le maintien d’une identité nationale commune à des ethnies, des langues ou des religions diverses ne va pas de soi. C’est un test vital pour la démocratie. On s’en apercevra bientôt en Ukraine car l’Ukraine comme la Belgique est coupée en deux avec une capitale, Kiev, qui, comme Bruxelles, fait le lien entre deux communautés. 

Qui dit démocratie dit compromis et chacun sait que les compromis, comme la bonne cuisine, se mitonnent lentement. Plus un pays est divisé, plus la démocratie met du temps à s’installer. L’exemple de l’Irak est frappant : Saddam Hussein était un dictateur épouvantable mais la société se modernisant, le régime aurait été contraint d’évoluer. L’intervention américaine n’a pas accéléré le processus ; elle a, au contraire, ravivé les antagonismes dormants si bien que le pays finira, sans doute, par éclater.  

Et la Birmanie ? Il est facile de s’indigner de la répression sanglante exercée par des militaires sans scrupules. Mais si ces brutes étaient éliminées demain, il est vraisemblable que l’état d’appauvrissement dans lequel ils ont mis le pays se révèlerait impropre à toute réconciliation nationale. Les diverses minorités qui peuplent la Birmanie risqueraient même de s’entre-égorger. 

Dans des cas aussi extrêmes, le plus efficace est de semer des graines de modernité et de s’efforcer discrètement de favoriser l’éclosion de compromis durables.

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