Cancer de l’utérus : inégalités de traitement

250 000 femmes meurent chaque année des suites d’un cancer de l’utérus. Ce chiffre pourrait être multiplié par quatre d’ici 2050. C’est un virus, le HPV (Human Papilloma Virus), qui est à l’origine de la grande majorité des cas. Ainsi, 50 % des femmes sexuellement actives âgées de 18 à 22 ans en sont infectées aux Etats-Unis. Traitée à temps, l’infection ne laisse pas de séquelles. En cas d’absence de traitement rapide, le virus s’installe et peut déclencher, des décennies plus tard, souvent après l’âge de 60 ans, un cancer.

La généralisation des tests de dépistage réguliers dans les pays développés aboutit à la prise en charge précoce des infections. Ce qui a permis de diminuer drastiquement le nombre de décès. Ce n’est pas le cas des pays en développement où ce mode de prévention est quasi nul. Mais le HPV a le tort, dirions nous, d’être sexuellement transmissible. Du coup, ce qui devait être une bonne nouvelle - un vaccin qui devrait protéger les femmes de la plupart des formes de ce cancer est en voie de commercialisation – risque de se muer en objet de polémique pour tous les rigoristes du monde.

Aux Etats-Unis, les lobbys chrétiens s’insurgent contre la vaccination des jeunes filles arguant que la meilleure prévention est l’abstinence et que le vaccin pourrait les inciter à des relations sexuelles avant le mariage. Air déjà entonné contre la promotion des préservatifs dans la lutte contre le sida. Qu’en sera-t-il alors dans les pays en développement qui comptent d’ores et déjà 80 % des victimes ?

Les pays musulmans où la vertu des filles est érigée en dogme pourraient renâcler. Certains pays d’Afrique, dont la population paye déjà un lourd tribu au sida et où les évangélistes sont très actifs, seraient tentés d’en faire autant. Même l’Inde qui a annoncé un programme de vaccination contre le HPV souligne qu’il sera réservé aux femmes mariées. Espérons qu’il s’agit là d’une restriction transitoire. En effet, selon l’Agence Internationale pour la recherche sur le cancer à Lyon, le nombre de femmes de plus de 60 ans passera, dans ce pays, de 43 millions, en 2005, à 168 millions en 2050. Le cancer deviendrait-il alors le « juste » châtiment pour toutes les jeunes filles qui n’attendraient pas le mariage ?

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Commentaires

Si le principe de "précaution sexuelle" devient en vigueur, si ce virus est en fait une MST, que devra-t-on dire de la jeune fille chaste et pure qui, après le mariage contractera un cancer de l'utérus ?

Soit qu'elle n'a pas été fidèle ( scénario 1 )
Soit que son mari n'a pas été fidèle ( scénario 2 )

Question au lecteur :

Quelle probabilité donneriez-vous à l'arrivée de chacun de ces scénarii ?

@ Henri-Paul Soulodre : le virus est effectivement seulement transmissible. Le virus, à proprement parler, ne crée pas le cancer. C'est l'infection qui s'ensuit, et si elle n'est pas traitée à temps, qui aboutit, des années plus tard, à un cancer de l'utérus. 90 % des cancers de l'utérus ont pour origine ce virus.

Quant aux scénarii proposés, j'en ajouterai un 3ème : que dès le mariage la jeune femme se vaccine. Mais ceux qui rejettent le vaccin avant le mariage, sous prétexte qu'il peut inciter à des rapports avant le mariage, ne risquent-ils pas d'y voir une incitation au sexe extraconjugale ?

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