Bonne nouvelle : les Etats-Unis ont remplacé la Grèce dans la série financière « fais-moi peur, ça rapporte gros ».

Dette-AmericaineLes séries TV sont à la mode. Comme on sait, les séries marchent par saisons et par épisodes. Le calendrier est carré et la durée de chaque épisode connue. Les personnages sont simples, les situations tranchées et chaque épisode doit se terminer sur un Cliffhanger : un « suspense » comme on disait il y a 20 ans.

Désormais, les marchés financiers aussi fabriquent des séries. Souvenez-vous du psychodrame des sommets européens sur la Grèce qui chacun devait marquer la fin de l’euro.

Pourquoi cet amour des marchés financiers pour les séries ? Simplement parce que les traders ont besoin pour gagner de l’argent que les marchés bougent. Le meilleur moyen qu’ils bougent est de les faire bouger. Et pour les faire bouger, il faut une histoire. Comme la finance vit dans un monde global, elle a besoin de partager les mêmes histoires aux mêmes moments. Et comme les réunions quotidiennes de salles de marché sont brèves, se tiennent debout, entre des gens astucieux mais qui ne sont spécialistes de rien, il faut à la finance des histoires TRES faciles. Le trader fermant sa position tous les soirs, il faut aussi un calendrier et des alternatives qu’un enfant de 8 ans comprendrait : du genre, si le conseil européen de samedi ne trouve pas une solution, l’euro disparaît.

Tout cela est déprimant : à chaque épisode de ces séries, la finance gagne beaucoup d’argent et l’économie réelle perd un peu plus de confiance. Alors, où est la bonne nouvelle ? Eh bien il semble qu’après la saison « Incurie en Europe », une nouvelle saison « Chienlit à Washington » soit en train de prendre forme.

On va sortir du Cliffhanger « si les élus ne se mettent pas d’accord, les Etats-Unis sont en faillite le 17 », mais on va immédiatement reporter l’attente sur d’autres dates du calendrier politique américain. Et cela va au moins soulager un peu la pression sur notre vieille Europe.

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Commentaires

@Jerôme et aux autres

Nous savons que l'humain a besoin de manger et de dormir. Ce sont des fonctions indispensables. Depuis deux siècles, la sécurité des humains a fait des progrès prodigieux. Le taux de perte des bébés (mort avant deux ans) est passé de 50% au 18ème siècle à moins de 2% aujourd'hui. Prodigieuse amélioration. Le taux d'homicide volontaire est descendu (en France) à moins de un pour cent mille par an. En comparaison, le taux de suicides est (en France) vingt fois plus élevé.
Il y a encore des gens qui ont peur de prendre l'avion. Ils ont raison, c'est dangereux, surtout parce qu'ils doivent aller en voiture à l'aéroport.
Notre sécurité individuelle a été portée à un niveau tel qu'on ne sait plus trop de quoi il faut avoir peur. Or il s'avère que la peur est une nécessité physiologique, comme une sorte de fonction indispensable. On a tous besoin de se faire peur, sinon on ne se porte pas bien. Les sujets de peur naturelles ayant quasiment disparu, nous fabriquons des sujets pour nous faire peur. C'est un besoin. Et c'est devenu un marché. Des sommes énormes sont gagnées sur le formidable marché de la peur, et les consommateurs en redemandent ! Il est vain d'essayer de limiter le marché de la peur. Les journalistes en vivent, les politiques aussi...

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