Avoir confiance et faire confiance

Le peu que la vie m’apprend peut-il servir à autrui ? Chacun se pose la question. Chacun croit avoir une réponse. Celle que je suggère tient en un mot : confiance.

La confiance est une chaîne magique qui va de l’individu à la planète entière. Toutes les collectivités humaines sont concernées. Sans confiance, il n’est pas d’ordre possible hormis par la contrainte.

Au niveau personnel, vient d’abord la confiance en soi qui permet de faire confiance aux autres et d’avoir confiance en l’avenir. Pour ceux qui ont bénéficié d’une enfance très heureuse, c’est un don presque naturel. Pour ceux qui ont subi une enfance très malheureuse, c’est un rêve presque inaccessible. Pour la plupart d’entre nous, c’est un chemin semé d’embûches et d’espoirs. A chaque obstacle franchi, s’ouvre une porte vers l’amour, l’amitié, la joie de vivre, l’agrément du travail.

Quiconque a mis les pieds dans une entreprise, sait que la confiance est, de loin, préférable à la bureaucratie procédurière.

Dans son intervention à notre petit déjeuner débat du 31 mars, le sociologue des organisations François Dupuy a fort bien décrit les effets pervers de la surréglementation : « L’abondance de « process », de systèmes de « reporting » et autres indicateurs produit inquiétude, désarroi et souffrance chez ceux qui les « subissent ». Au lieu de « motiver » les salariés, de les amener à « s’engager » pour leur entreprise, elle provoque retrait  du travail et rébellion active ou passive. Plus l’entreprise cherche à les contrôler et à leur « mettre la pression », plus les salariés, cadres y compris, se réfugient dans des investissements alternatifs, la famille par exemple, qui viennent compenser la dureté du travail ». Et il ajoute : « Le contrôle s’exerce plus facilement dans le flou. Les meilleures règles du jeu sont à base de confiance ».

Il en va de même au niveau national. Pour bien vivre ensemble, une très grande majorité de citoyens doivent être plus ou moins d’accord sur ce qui est tolérable et sur ce qui ne l’est pas. Le but de tout chef d’Etat devrait donc être de construire (ou de consolider) une société de confiance. Avec un tel « pourquoi », le « comment » des réformes pourrait s’articuler, c’est-à-dire acquérir une cohérence sans laquelle il ne peut y avoir soutien de l’opinion.

Prenons l’exemple des Etats-Unis. Le consensus s’effrite, la machine législative s’enraye et, contrairement à la tradition pragmatiste, l’idéologie exacerbe les conflits. Accélérer le renouveau économique, favoriser la résurgence de la classe moyenne, moraliser la finance, relocaliser l’industrie, tous ces efforts (et bien d’autres) pourraient être menés au nom du rétablissement de la confiance que les Etats-Unis doivent avoir en eux-mêmes. Du coup, la fin de la prééminence ne serait pas synonyme de déclin. La « nation indispensable », comme disait Bill Clinton, pourrait, sans complexes, partir en quête de partenariats.

En France où le Président, dans son souci de modernisation, ouvre des chantiers apparemment disparates, une démarche analogue pourrait être tentée.

D’accord ? Pas d’accord ? Autres suggestions ? Le Blog est ouvert.

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