Al Jazeera mène la danse

Al Jazeera est, de loin, la chaîne de télévision de langue arabe la plus influente. Ses journalistes sont de bons professionnels et leur liberté de ton contraste avec le « béni-oui-oui » des médias officiels.

Depuis le début du « printemps » tunisien, reporters et commentateurs ont jubilé. Ils pouvaient se permettre d’être du « bon côté », c’est-à-dire pour la démocratie et contre les tyrans. Il leur était seulement conseillé d’être prudents sur les évènements de Bahreïn et du Yémen. Il ne fallait quand même pas trop marcher sur les pieds de l’Arabie Saoudite, cette grande voisine.

Reste à comprendre pourquoi la direction de la chaîne a, hormis Bahreïn et le Yémen, jugé bon de lâcher la bride à la rédaction au point de faire d’Al Jazeera le principal relais pour l’embrasement du Moyen-Orient ? La réponse n’a rien de mystérieux. C’est même un secret de polichinelle puisque la sympathie pour les « Frères Musulmans » n’a jamais été cachée.

La « confrérie », née en Egypte, a été réprimée par tous les régimes dictatoriaux de la région qui voyaient en elle un épouvantail islamiste. Elle souhaitait donc le renversement de ces régimes. Certes, les « Frères » n’ont été pour rien dans les mouvements spontanés des jeunes protestataires. Ils ont pris le train en marche. Aujourd’hui, ils estiment ne rien avoir à craindre de la démocratie puisqu’ils pensent que les élections leur seront favorables. En Egypte, leur rôle s’annonce décisif. En Libye, ils attendent leur heure.

Et la Syrie ? Signe des temps, Al Jazeera n’hésite plus à vanter la bravoure des manifestants syriens (pour la plupart sunnites) qui avancent mains nues à la rencontre de chars conduits par des soldats (alaouites) issus des troupes spéciales dévouées au régime dirigé par le Président Assad et sa famille. Les alaouites (10 % de la population syrienne) combattent le dos au mur. Mais le troufion de base restera-t-il fidèle ? Sans doute oui parce qu’il a peur. Mais pas sûr parce qu’il regarde les images venues d’ailleurs transmises par Al Jazeera.

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