Affaire Lagarde, un héritage d'un passé malheureux et une différence de culture

LagardeLa presse internationale se gargarise, à juste titre, de l'aspect typiquement franco-français de  ce que l'on appelle l’affaire Lagarde.

Rappelons d'abord que Mme Lagarde a été  Managing Director de Baker&McKensie, le plus grand cabinet d'avocats d'affaires au Monde, à la réputation parfaitement honorable. On la voit mal, une fois devenue ministre de l'Economie et des Finances, se lancer dans une opération de spoliation de l'Etat français, comme le laisse entendre son successeur P. Moscovici. Elle hérita de la sombre affaire Tapie-Crédit Lyonnais dont il faut quand même dire que, quels que soient les défauts de Tapie, ce dernier avait été parfaitement spolié par le Crédit Lyonnais dont on peut rappeler quelques turpitudes

En 1981 les grandes banques françaises furent nationalisées et cela se termina plutôt mal en particulier pour le Crédit Lyonnais.  N'obéissant qu'à des directives du pouvoir politique et mu par la mégalomanie de ses dirigeants (dont certain hérita du surnom de "Mozart de la finance" !), le Crédit Lyonnais fit véritablement n'importe quoi. La facture finale fut particulièrement salée : plus de 16 milliards € pour le contribuable. Il ne faut pas l'oublier. Quand la politique se mêle aux affaires (au sens business), cela se termine généralement en affaires (au sens scandales). »

Devant faire face aux reliquats des affrontements entre B. Tapie et le Crédit Lyonnais  (dont l’État, c.à.d. les contribuable, avait repris via le C.D.R le gigantesque passif) Madame Lagarde, familière avec le droit-saxon, ne pouvait que donner son accord à la procédure d'arbitrage qu'on lui proposait et qui permettait de mettre un terme rapide et définitif à cette sombre histoire. Aux États-Unis et au Royaume Uni l'arbitrage est très répandu car c'est une procédure rapide, discrète, menée dans le strict respect du droit (règles de Discovery, Cross-Examination et autres procédures beaucoup plus dures qu'en France) et les juges-arbitres sont généralement choisis parmi les ténors des barristers et des professeurs de droit. En France l'arbitrage est mal vu car dans notre pays le droit y est hyper-codifié et tout ne saurait que résulter de l’État. Nous sommes loin de la Common Law  qui règle les rapports juridiques outre Atlantique ou outre Manche, pays où l'on privilégie la recherche des « faits » alors que le droit français cherche la « Vérité ». Les juges-arbitres de l'arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais étaient tous les trois de très haute volée (dont un ancien président du Conseil constitutionnel) et ce que l'on écrit et dit sur eux est parfaitement ignoble. En faisant tout pour récuser un arbitrage la France veut décidément rester un village gaulois et refuse de s'inspirer de tout exemple étranger.

Récemment un ancien conseiller du précédent président de la République a eu des mots peut être quelque peu excessifs sur la Justice. La dite affaire Lagarde ne va pas contribuer à redorer l'image de nos institutions judiciaires et ne sert certainement pas la renommée de notre pays.

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